Jimmy Anthony

la discipline et le dépassement de soi emmènent le résultat

jimmy

Jimmy, 49 ans est marié avec 2 enfants. Initialement, rien ne le prédisposait à l’agriculture, ni passion, ni vocation. Il voulait être chimiste ou pharmacien mais les débouchés n’étaient pas énormes. En 1989, l’Université de Maurice devient gratuit et Jimmy commence la filière agricole. Très vite, étant bosseur de nature, il se fait un point d’honneur à exceller et obtient une bourse.

Agronome à l’université de Maurice, il détient également une maîtrise en sol chimique et un MSC en project management. Il commence sa carrière dans l’agriculture en 1995 à Mont Désert Alma. En tant qu’assistant agronome il est responsable de la mécanisation agricole pour la canne. Après 11 ans, il devient agronome et responsable projet à Riche en Eau et commence à se diversifier de la canne, il plante des pommes de terre, de l’oignon et bien d’autres, il fait de l’élevage de faunes terrestres et marines. Après un autre cycle d’une dizaine d’année, il accepte l’offre d’administrateur à Senneville. Ces 24 années d’expérience font qu’il a aujourd’hui un bon réseau dans le secteur.

Pour Jimmy, son métier est un moyen de dépassement. Il l’appréhende de façon cartésienne: « Gestion = Resources + personnel = Résultat. Le secteur peut-être vu comme assez ‘primaire’ et c’est le cas de le dire, mais toute la beauté est de pouvoir utiliser ces ressources humaines pour gérer efficacement avec des perspectives en vue ». Il emprunte sa philosophie de vie au sport collectif. En effet, comme dans le sport, il ramène les valeurs de partage et de transmission ainsi qu’une notion de « tous ensemble pour un résultat ».

Jimmy produit de la canne mais au sein du programme de diversification, il a développé la pomme de terre, de la carotte et des giraumons. Il fera bientôt des fruits. Le tout est écoulé à travers des marchands réguliers sauf la pomme de terre qui est envoyé au marketing board. En perspective, il entrevoit de la transformation et peut-être de l’export. « Le principal vecteur vient du fait que la canne rapporte de moins en moins et que nous avons choisi stratégiquement de convertir nos terres en agriculture raisonnée plutôt que dans l’immobilier ».

Ce que Jimmy préfère dans son métier, c’est d’avoir un objectif et à la force de son travail, oeuvrer à atteindre le résultat. Lorsque ce n’est pas le cas, il ajuste, ressaye et s’améliore: « c’est un plaisir d’arriver à un autre palier en terme d’expérience ». Ce qu’il pourrait moins aimer c’est que cette pugnacité n’est pas toujours partagée par tous. Certaines personnes sont fatalistes, manquent d’engouement et de détermination. Il déteste le statu quo.

Jimmy est un des pionniers du Projet Smart Agriculture. Il représentait la chambre concernant la pomme de terre. Il a suivi les échanges du début. Faire les choses autrement pour éviter les intrants chimiques est une transition inévitable. Jimmy n’avait pas anticipé ce surplus d’utilisation parce que lui-même n’en utilisait pas beaucoup. Aujourd’hui, il est avide de découvrir les solutions alternatives tout en ne minimisant pas la masse de travail qui les attend dans ce projet. « C’est un éco système qui interagit qu’il faut comprendre et mettre en place. La solution est systémique. Il faut prioriser ses actions ». Son objectif est d’acquérir du savoir, transformer son esprit et partager.

En participant à ce projet, il reste dans l’ère du temps et contribue à toujours faire mieux qu’hier. Jimmy pense qu’on est en perpétuel mouvement. Dans 10 ans, il aimerait une agriculture structurée, une spécialisation par métiers, que la production, distribution et transformation soient bien scindées comme 3 silos travaillant ensemble dans la filière. Ainsi, on obtiendrait des garanties de marché par rapport à des prix établis destinés à une de ces 3 activités précises. Il manque une cellule privée indépendante de market intelligence sur l’offre et la demande; une sorte de marketing board pour chaque culture.

A ceux qui veulent se lancer dans l’agriculture, aux jeunes, Jimmy leur dit : « il faut avoir des connaissances, un plan même s’il comporte des risques, une constance, une ouverture d’esprit pour toujours continuer d’apprendre et une logique pour réussir et atteindre une certaine satisfaction ». Il est confiant que la nouvelle agro-écologie est amenée à attirer plus de jeunes que l’ancienne méthode d’agriculture.