Vijay Ramjee

l’agriculture est comme un jeu, on mise et on ne sait quel sera le gain avant la fin de la récolte

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Vijay, 48 ans, plus connu comme Deeraj dans la région, est marié et père de trois fils de 18 ans, 16 ans et 14 ans. Son épouse travaille et lui est dans l’agriculture depuis 25 ans.

Lorsqu’il finit son HSC au collège St Joseph a Curepipe, Vijay suit un cours en British Computers Society en informatique. Il rejoint la société Floréal Knitwear dans le textile ou il travaille quelques temps mais il a comme un rappel aux sources. Son père était déjà planteur, lui démarre en cherchant des terrains a bail et commence « tout petit ». A l’époque, il cultive des carottes, betteraves, chouchou, le chou, pomme d’amour mais le cyclone Hollanda dévaste ses cultures. Au lieu de se décourager, il persévère et fait une superbe récolte qui lui redonne l’envi, l’ambition et le courage de repartir. Il investit ses bénéfices et aujourd’hui possède 9 des 13 arpents qu’il cultive.

Il est fier du parcours qu’il a accomplit. Ce parcours lui donne raison d’avoir persévéré. « j’ai commencé en bicyclette sans machinerie, on se servait de pioches, fourches, au fur et à mesure, on a progressé, on a des machines semi mécanisées, on a continué à s’améliorer, on est 16 aujourd’hui, on a un camion et on distribue directement aux supermarchés ». Vijay a des serres en plus du plein champ. Il a aussi des soucis avec ces travailleurs nous explique-t-il, « les travailleurs ne sont pas formés, il faut passer beaucoup de temps à les former comme des enfants d’école, et souvent, après six mois ou un an, lorsqu’ils savent travailler, ils vous quittent pour quelques roupies de plus données par un autre employeur ».

Vijay nous explique que ce qu’il aime dans l’agriculture c’est son coté ‘challenging’. « Pour faire une semence, devenir une plante et rapportée de beaux fruits ou légumes procurent une grande joie. Ce n’est pas si évident. » . Ses 25 ans d’expérience et les petites formations qu’il a reçues tout au long de ce parcours, lui permettent d’être plus serein aujourd’hui. Il considère toutefois que l’agriculture reste le parent pauvre de tout gouvernement. « Les planteurs prennent pas mal de risques, investissent leur propre argent pour des fois ne rien avoir s’il y a un intempéries : c’est comme un jeu : on mise mais on ne sait si ca vous paiera en retour jusqu’au bout ! »

Vijay pense qu’on est encore très arriéré à Maurice. Les mauriciens aiment le bon marché, il faut leur expliquer la différence. « Il faut des efforts à tous niveaux de la chaine jusqu’à arrivée à l’assiette du consommateur. Le projet Smart Agriculture nous apprend à mieux gérer notre agriculture : mieux connaître notre sol, mieux connaître les bio-agresseurs, les plantes auxiliaires etc…Il faut qu’on puisse le distinguer maintenant à l’aide d’un label. L’agriculture smart prend plus de temps et consomme plus d’énergie humaine, il est normal qu’elle soit plus valorisée. Certaines personnes sont conscientes de leur santé mais ca reste minime ».

L’agriculture Smart sera la norme de demain. « Il n’est pas possible de traiter la plante avec ou sans problèmes, on dépense pour rien et on impacte sur la santé en commençant par le planteur lui-même qui est en première position face aux pesticides ». Il fait un travail de vulgarisation de ce qu’il apprend à tous ceux qu’il rencontre car il est conscient que c’est ensemble qu’on y arrivera. En Effet, rien ne sert de traiter son champ de façon raisonnée si le voisin l’asperge allègrement sans réfléchir.

Il qualifie son travail de noble. Son but est de produire un produit sain à la consommation. Il distribue dans des hôtels et a souvent des tests chez Quantilab, il ne peut se permettre de faire n’importe quoi, il a une réputation à sauvegarder.