Ajay Beersam, 46 ans, marié avec un fils de 19 ans, est agriculteur depuis 20 ans. Il a 5 arpents de terrain à Plaine Sophie. Il est un autodidacte qui a commencé très jeune à aider son père. Il nous dit avoir débuté par ce qu’il appelle « plantations traditionnelles » : l’ancienne méthode. A l’époque son père produit des pâtissons, courgettes et carottes mais lui se spécialise un peu plus en carottes même s’il produit certains autres légumes également pour les besoins de la rotation et en respect pour son sol. Il varie avec des chouchous ou pâtisson, courgettes et concombres.
Ajay aime son métier pour des raisons de ‘liberté’ que ce soit pour être en pleine nature ou son propre patron. Il dit être amoureux de son travail. « Lorsqu’on aime ce qu’on fait », nous raconte-il, « on ne compte pas les heures même en temps d’approche de cyclones, vous me trouverez sur mon terrain. Une fois, juste avant une récolte d’oignon, j’ai dormi plusieurs jours sur le terrain pour surveiller ma plantation ». Il aime la diversité que lui procure son métier : « chaque jour est différent. On nous a appris à communiquer avec notre plantation, à observer, à détecter des choses et à soigner ce qu’il y a à soigner uniquement ».
Ajay est curieux de tout, il aime s’informer, fouiner, chercher et toujours s’améliorer. C’est une formation du FAREI sur le « Pest management » qui lui ouvre les yeux sur les dangers d’une mauvaise utilisation de pesticides. Il adapte sa culture en fonction et constate les résultats qui, dit-il « ne sont pas immédiats mais sont bénéfiques ». Il réussi à réduire ses couts de production de 50%, en ciblant les problèmes, en observant ses plantes et en appliquant du produit seulement sur les plantes malades. Il décrie certains planteurs qui aspergent leur plantation.
Il s’intéresse aux nouvelles technologies et méthodes agro écologiques, au « bio farming » qui pour lui est encore utopique. Lorsque l’officier du FAREI lui parle du projet Smart Agriculture en connaissance de cause, il est tout de suite intéressé à se joindre au groupe. Il apprend ce que sont les auxiliaires, que certains insectes sont bénéfiques et d’autres sont ravageurs, qu’il faut respecter et sauvegarder sa biodiversité. Ajay nous confie que : « la formation a changé mon état d’esprit. La FAREI, la Chambre d’Agriculture et d’autres organismes m’ont beaucoup donné théoriquement, j’essaie de mettre en pratique ce que j’ai appris, c’est un peu plus long mais c’est comme cela que sera l’agriculture de demain, et pas autrement. Nous n’avons pas le choix, nous devons nous adapter. Des qu’on a ouvert les yeux sur cela, on ne peut pas revenir en arrière ».
Les difficultés de son métier : une main d’oeuvre difficile à trouver. De ce fait, Ajay doit dimensionner sa production et ses récoltes en fonction de sa main d’œuvre à savoir 3 personnes, lui compris. Autres difficultés : Le changement climatique qui est de plus en plus extrême et l’accès à des fonds de développement. Ajay distribue à l’encan lorsqu’il a suffisamment en quantité. Sinon, il a certains marchands spécifiques qui sont des habitués connaissant sa qualité.