Vivek, 26 ans, est célibataire et habite Plaine des Papayes avec sa mère et ses deux frères. Depuis petit, Vivek a les mains dans la terre car ses grands-parents ont toujours été dans l’agriculture. Son grand-père, coupeur de cannes, avait un potager où il cultivait des pommes d’amour, haricots et autres légumes… Ses parents n’étant plus dans le secteur, ce dernier ne croyait pas qu’il reviendrait à l’agriculture. Après des études secondaires spécialisées en sciences, il se passionne de la physique. Encore aujourd’hui, Vivek aime l’astrophysique et tout ce qui concerne l’espace. Ce dernier prend un moment pour travailler et découvrir plusieurs domaines avant d’entamer ses études tertiaires. « J’avais besoin de voir plusieurs horizons pour être sûr de ce que je voulais faire », nous confie-t-il.
C’est une rencontre avec un planteur d’ananas et l’influence de son grand-père, qu’il respecte, qui achève de lui faire prendre la décision d’aller vers l’agriculture au lieu de l’ingénierie.
Il suit un cours de BSC Honours en Agricultural Sciences and Technology à l’université de Maurice de 2015 à 2018 tout en s’intéressant à la modernité, la transformation et la mécanisation au sein du secteur. L’agronomie, il ne la perçoit pas uniquement comme la plantation mais par la multitude de possibilités qui peuvent faire suite à une transformation et par la valeur ajoutée qui en découle. « Une carotte peut être mise en « mixed vegetable », une tomate peut être mise en purée, des bananes peuvent être mises en frites ou en « snacks »… ».
En juillet 2018, il rejoint le Domaine de Labourdonnais où il rajoute la corde ‘pratique’ à son arc théorique. Il commence comme stagiaire au potager en bas de l’échelle, où il travaille la terre, pioche, désherbe, greffe, prépare les plantules et plante. Après six mois, on lui propose une autre responsabilité au verger. Il commence à s’intéresser à la Smart Agriculture principalement pour combattre son ennemi numéro 1 : la mouche de fruits. Très vite fasciné, il apprend les plantes auxiliaires, les insectes ravageurs et bénéficiaires, et les méthodes naturelles pour s’attaquer à la mouche de fruits. Vivek est un battant, il adore relever les défis qui s’offrent à lui tous les jours et la bouffée d’adrénaline qui les accompagne car chaque jour abrite un « challenge » différent en agriculture. Il aime être dans le feu de l’action, gérer son équipe et mettre en place ses plannings.
Il gravit ensuite les échelons pour aujourd’hui être agricultural diversification supervisor. « Fédérer une équipe prend du temps mais à force d’écoute et de patience, on y arrive, le confinement nous a soudé aussi ».
Vivek pense que l’agriculture a façonné sa personnalité. Il aime être dans la nature, à l’air libre avec ses plantes. Il s’y sent à sa place et investit « dans la lutte et le combat en faveur de l’agro écologique. Le smart agriculture est le pont entre l’agriculture conventionnelle et le biologique. C’est à portée de main. On essaie, on fait des erreurs, on apprend… » Il se sent acteur du changement aujourd’hui à l’Ile Maurice et espère inspirer d’autres jeunes à se lancer dans l’agriculture. À tous ceux qui ne s’y intéressent pas, il leur dit qu’il y a 3 nécessités : la nourriture, les vêtements et l’habitat – il voudrait leur rappeler ce retour aux sources. Il rajoute qu’il se sent investit d’une responsabilité en tant qu’agriculteur : celle de bien nourrir les autres. « Si ce rôle n’est pas remplit, on augmentera le fardeau sur d’autres secteurs notamment celui de la santé ». Selon Vivek, plusieurs jeunes qui sortent de l’université ont du mal à trouver du travail en agriculture, l’état pourrait mettre en place un programme pour les encadrer et leur permettre de devenir des auto-entrepreneurs « à la façon smart agri ». Il pense que cela prendra plusieurs années au secteur agricole mauricien pour évoluer car les vieilles habitudes ont la vie dure, « il nous faut nous armer de patience, j’ai appris à être patient et à calmer mes ardeurs » mais qu’on n’a pas d’autre choix que d’adopter la smart agriculture : c’est l’avenir. « Ce sont les jeunes qui seront les vecteurs du changement en étant proactifs ». Le souhait le plus cher de Vivek serait de voir une réhabilitation de l’éco système et le retour des abeilles et des papillons de son enfance…